mercredi 26 novembre 2008

La fin de l'hivernage



Ici aussi les jours ont raccourci. Si, en Guadeloupe, nous n'avons pas d'heure d'été et d'heure d'hiver, la nuit tombe actuellement un peu plus tôt : à 17 h 30 au lieu de 18 h 30 h et le soleil se lève à 6h 20 au lieu de 5 h 40, la température baisse (légèrement mais les quelques degrés en moins font une différence appréciable), 27 ° au moment où j'écris, et la mer se rafraîchit. Elle ne doit plus être qu'à 25 degrés et mes camarades d'aquagym poussent de petits cris - oh! qu'elle est froide ! - en rentrant dans l'eau. Quant à notre ami Y., Martiniquais d'origine et Guadeloupéen d'adoption, il dit qu'il ne se baigne plus en cette période...
Nous quittons la saison des pluies , chaude et humide, de "l'hivernage" pour rentrer dans la saison sèche.

"L'hivernage" dure grosso modo de juin à novembre avec la possibilité de cyclones d'août à fin octobre, plus rarement en juillet et en novembre.
Cette année, nous avons échappé aux ouragans et cyclones qui ont touché durement Haïti (après Fay, les Haïtiens ont subi Gustav, Hanna et Ike !) mais nous avons eu les 15, 16 et 17 octobre une houle cyclonique, suite au passage du cyclone Omar qui a sévi sur Saint-Martin, Saint-Barthélémy et Saint-Thomas. Cette houle a détruit des plages et des routes de la côte sous le vent en Basse-Terre et a touché aussi le nord de Martinique. A présent, les réparations sont dans l'ensemble achevées même si certaines plages n'ont pas encore retrouvé leur ancienne physionomie comme l'Anse à sable qui est devenue "l'anse à galets".

La saison sèche, appelée aussi le "carême" court de décembre à mai. C'est aussi la saison touristique, puisque le climat est plus agréable. Le temps est en moyenne plus sec (sans tenir compte des microclimats guadeloupéen qui sont nombreux) avec un taux d'humidité moindre. Nous sommes donc sortis de la période où le simple fait de taper un message faisait transpirer... quel bonheur !




Le cours d'aquagym

Ici, j'ai troqué mes cours de gym en salle contre de l'aquagym dans la mer. Ces cours se pratiquent beaucoup, certains à partir de 6h du matin et les Guadeloupéen(ne)s peuvent y aller avant leur travail. J'y participe, autant que possible, 2 fois par semaine : une fois le matin entre amies à une plage proche et une fois en fin d'après-midi, en bas de chez nous, avec un moniteur. J'ai le privilège de pouvoir admirer en même temps le coucher de soleil derrière la chaîne des montagnes de la Basse-Terre.
Nous sommes une bonne vingtaine (de femmes exclusivement...) à nous ébattre, munies de "frites", en suivant les consignes de notre jeune et dynamique professeur qui nous montre gracieusement les mouvements. Nous, à côté, nous faisons un peu troupeau d'otaries mais nous l'assumons car cela fait tellement de bien !



lundi 24 novembre 2008

Le pays à l'envers


Le pays à l'envers de Sylvaine Dampierre


Dans le cadre du mois du film documentaire dont le thème est, cette année en Guadeloupe, celui de la mémoire et de la transmission, j'ai eu la chance de voir ce film en avant-première à la médiathèque du Gosier, en présence de la réalisatrice.
Ce documentaire de création sortira en salles en mars et je vous invite vivement à aller le voir pour la beauté de ses images, la qualité de son montage et la subtilité de son propos... je ne cache pas mon enthousiasme !

Ce que dit la réalisatrice :

"On dit que dans ce pays les récits sont enfouis, les paroles serrées derrière des lèvres closes, les secrets bien gardés et la mémoire blessée. On le dit et c'est sûrement vrai. L'histoire de ce pays est courte et douloureuses, elle a la fragilité des souvenirs. Les traces se perdent de n'être pas foulées et les grandes personnes n'ont pas tout raconté aux enfants perdus. Les racines des arbres disputent à la mémoire des hommes, les figuiers maudits dévorent les anciennes prisons d'esclaves et les machineries des usines déchues disparaissent, enserrées par les lianes; les parkings et l'asphalte assèchent ce qu'il reste de souvenir. Mais il suffit de gratter la terre, de se laisser caresser par le vent, d'ouvrir les yeux et les oreilles, de regarder autour de soi pour rencontrer les porteurs de mémoire, les arpenteurs, les jardiniers. Le pays parle, il suffit de l'écouter. Ici la mémoire est fragile, elle s'inscrit dans les corps plutôt que dans le marbre, mais elle est vivante, elle est à réinventer. J'aime les traces incertaines, les documents à moitié effacés, les interstices de la mémoire pour ce qu'ils recèlent d'invention, pour ce qu'ils laissent imaginer. Je rêve avec les personnages de mon film d'une histoire plurielle, de toutes les histoires encore enfouies, de tous les contes encore à dire. Il suffit de gratter la terre, d'arpenter le pays, d'entendre son appel, de se mettre à danser."

Sylvaine Dampierre, octobre 2008


Vous trouverez le synopsis, la bande-annonce et des témoignages intéressants sur le blog du film.

Sylvaine Dampierre enseigne aux ateliers Varan depuis 1994. Elle intervient en 2008 auprès de l'E.S.A.V. Marrakech dans le cadre du partenariat entre cette école de cinéma marocaine et les Ateliers Varan.

Le thème de l'identité et celui des jardins et de leurs jardiniers se retrouvent au fil de ses documentaires comme le montre sa filmographie :

- Le pays à l'envers, 2008, 90'

- Green Guérilla (co-réalisation Bernard Gomez) 2003, 62'
C'est à New York City qu'est né dans les années 70, un mouvement qui a depuis essaimé dans plusieurs mégapoles nord américaines et tend à se développer sous des formes proches en Europe : la récupération de friches urbaines par les habitants d'un quartier et la création collective, sur ces espaces à l'abandon, de jardins communautaires.

- Pouvons-nous vivre ici ? 2002, 57'
Quinze ans après l'explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl, des scientifiques français aident les villageois à vivre avec la présence invisible de la radioactivité.

- La rivière des galets (co-réalisation Bernard Gomez) 2000, 62'
Un jardin d'insertion à l'île de la Réunion : les stagiaires qui vont passer un an au jardin vont tenter de construire, en retrouvant le chemin de la terre, un nouvel enracinement.

- Un enclos (co-réalisation Bernard Gomez) 1999, 75'
Dans le Centre pénitentiaire de Rennes existe un jardin où les détenues peuvent se rendre. Ce lieu est devenu un espace de rencontres, d'échanges et de paroles pour ces femmes en quête de reconstruction.

- L'île (co-réalisation Bernard Gomez) 1998, 57'
Fernand est amoureux de son jardin ouvrier insulaire. Le lopin de terre qu'il affectionne est placé au pied de la "forteresse ouvrière", bâtiments désaffectés de l'usine Renault, dans lesquels il a travaillé toute sa vie.


samedi 22 novembre 2008

Où l'on parle encore de tri sélectif


Depuis, mon message précédent, j'ai pu récolter quelques informations supplémentaires.
Tout d'abord, j'ai trouvé, dans le supplément du France-Antilles cité précédemment, le numéro de téléphone de l'association "Bouchons créoles".
Cette association, affiliée à celle de "Bouchons d'amour", a été créée en décembre 2005. Elle récolte , trie et stocke bénévolement les bouchons qui sont achetés à la tonne par l'entreprise Ecodec qui se charge de les traiter. Il faut avoir au moins 4 tonnes pour livrer. La tonne triée rapporte 150 euros. L'argent récolté sert au financement de fauteuils pour handicapés.
Pour mes lecteurs de Guadeloupe, un point d'apport se trouve à Jarry, chez les peintures Gauthier.

La personne qui m'a répondu lorque j'ai contacté l'association, a corroboré ce qui m'avait été signalé à propos du point d'apport volontaire de la Marina de Bas-du-Fort. Celui-ci, créé en 2006 pour la route du Rhum, a certes le mérite d'exister mais ne serait pas relayé par un traitement sélectif des déchets (sauf pour les produits dangereux). A l'inverse de ce qui se passe pour les "bouchons créoles" dont la récolte, 100% recyclable, est payée par Ecodec, les industriels, commerçants, artisans, collectivités doivent prendre en charge financièrement le traitement des déchets. Une tonne de déchets valorisable coûte 75 euros à l'entreprise contre 47 euros pour une tonne mise en décharge (en métropole le coût est plus élevé). Ceci explique cela...
Pour ceux que cela intéresserait j'ai trouvé ces dernières précisions sur Terredavenir.org

Autre contribution à l'éclaircissement de la question : un commentaire détaillé en réponse à mon post précédent nous explique précisément la situation du tri sélectif à la Marina.
Le système ne fonctionne donc pas, que ce soit pour la première raison invoquée, à savoir le coût du recyclage, ou à cause du tonnage insuffisant qui demanderait de mettre en place une organisation plus complexe. La solution passera dans l'obligation du tri qui devrait être effective dans les années qui viennent. Encore faudra-t-il que, dans les faits, cette obligation soit respectée .
Si donc les containers sélectifs ne sont là actuellement que "pour faire joli", c'est un autre point d'apport volontaire qu'il faut utiliser, ce que je ferai après avoir vérifié sa fiabilité.

Ces derniers temps, en Guadeloupe, les papiers ou reportages plus ou moins complaisants sur l'écologie sont abondamment diffusés par les médias ou les politiques mais, parallèlement, il se dit bien autre chose sur ce qui se passe concrètement et lorsqu'on veut avoir une information précise et fiable, il faut chercher !

Dernière info : l' association UNPAS, s'intéressant au développement durable, vient d'être créée à Gosier. Du lundi 24 au vendredi 28 elle met à disposition des "big bags" pour le plastique près du stade Montauban. Elle espère faire perdurer ce point d'apport volontaire et faire bouger les choses. Il faudra pour cela une vraie volonté des pouvoirs publics et une union des efforts des différentes communes afin de récolter des tonnages suffisants pour le recyclage. A suivre...

Addenda :
- Le 28-11 : aucune présence des "big bags" annoncés au stade Montauban durant la semaine. L'association m'a répondu qu'elle n'avait malheureusement pas pu les y mettre (ils seront seulement mis en place ce soir sur le marché). Dommage !


-Le 29-11 : nous sommes allés à la Marina où se tenait une animation organisée par la Ville de Pointe-à-Pitre et la Région Guadeloupe pour la "Semaine nationale de réduction des déchets".
Sous un chapiteau, différents stands expliquaient ce qui existe déjà en matière de protection de l'environnement et ce qui devrait être mis en place dans l'avenir. L'une des intervenantes que j'ai interrogée semblait tout à fait savoir que le tri sélectif à la capitainerie, c'est du pipeau. Incroyable ! (mais je dois être encore très naïve), beaucoup sont au courant mais les choses restent en l'état et cette imposture perdure.




vendredi 14 novembre 2008

Vous avez dit, écologie ?


"Tous écocitoyens!" titre le supplément du France-Antilles du jeudi 13 novembre...

et en effet, les problèmes écologiques sont particulièrement visibles et préoccupants en Guadeloupe et les mesures de protection de l'environnement qui peinent à être mises en place, de plus en plus d'actualité.



Chlordécone imprégnant les sols, décharges sauvages, carcasses de voitures abandonnées salissent l'archipel et le dégrade durablement !




Rapporter ses déchets n'est pas encore un geste appris par tous et les abords des plages gardent trop souvent la trace des pique-niques, en particulier après les week-ends et les fêtes.


La première photo ainsi que celle de la carcasse de voiture ont été prises sur le sentier d'un "site protégé" !

Le retard pris ici en matière de protection de l'environnement , (la Martinique est plus en avance dans ce domaine), a des conséquences désastreuses pour tout l'écosystème et si les choses commencent à bouger, cela se fait très lentement.
Cependant lorsque ce sujet est évoqué, que ce soit avec les personnes que l'on côtoie ou par le canal des médias, chacun semble y être sensibilisé. Si les gestes écologiques ne font pas encore partie de la vie quotidienne, les mentalités sont en train d'évoluer et les habitudes devraient le faire aussi, en particulier lorsque les organisations intercommunales se doteront des équipements nécessaires.

Janvier 2007 : mon premier contact avec la Guadeloupe. Je vais me renseigner à la mairie de la commune . Habituée au tri sélectif, je répugne à mélanger bouteilles en verre et en plastique aux déchets ménagers.
Je demande donc s'il y a des points d'apport pour le tri sélectif des ordures ménagères. L'employée de mairie semble surprise et me répond par la négative.
"Et pour les piles usagées, que fait-on ?"
Après m'avoir regardée comme si j'étais une extra-terrestre : " Ben, dans la poubelle !"...
Donc, vous l'avez compris, jusqu'à présent, tout termine dans les décharges officielles ou sauvages (même si ces dernières ont été officiellement fermées)... et y reste.


Petit cochon rencontré sur le même sentier côtier, mais lui, il est propre !


Depuis, 2 ans ont passé et j'ai pu constater l'existence d' une volonté de changement. Le souci écologique a pris place dans les dernières campagnes municipales. De nombreux projets pédagogiques sont élaborés sur ce thème et des actions menées par des élèves des écoles ou des collèges : nettoyage des plages, apprentissage du tri, réalisation de panneaux explicatifs.... les jeunes générations vont pouvoir éduquer les anciennes !

J'ai découvert aussi, un peu par hasard car la plupart de mes connaissances l'ignorent, qu'il existe des conteneurs pour le tri sélectif à la Capitainerie de la Marina de Bas-du-Fort et je stocke bouteilles en verre et en plastique, boites en métal et cartons pour aller les y déposer. Ce n'est pas très loin mais cela oblige à un déplacement en voiture (et oui, à un petit degré, ce n'est pas complètement écolo). Ma satisfaction est de faire un geste pour préserver l'environnement jusqu'au jour où une amie me dit que les déchets que j'ai si bien triés seront mis en vrac dans la benne unique du camion de ramassage !
Indignée et pour en avoir le coeur net, je relève le numéro de téléphone indiqué sur le point de collecte et j'appelle.
Au bout du fil une personne me répond que je ne suis pas dans le bon service et qu'ils ne s'occupent que des produits dangereux : huiles usées et batteries des bateaux. Ces déchets , m'explique-t-elle, sont acheminés par bateaux en métropole pour y être traités car cela reviendrait trop cher de le faire sur place.
J'apprends aussi que les conteneurs du tri sélectif de la Marina sont destinés aux plaisanciers même si les particuliers "terriens" comme moi les utilisent (et ils débordent souvent). Mon interlocutrice a effectivement entendu parler d'un camion qui avait chargé dans une benne unique ce qui avait été trié par des élèves d'un collège mais, ajoute-t-elle, c'est une histoire ancienne et cela ne doit pas être le cas à la Capitainerie. Elle me donne le numéro de l'ADEME :"Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie".
A l'ADEME on me répond que la gestion des déchets de la Marina appartient à ses propriétaires (Transat Antilles Voyage) et qu'il faut les contacter. Je n'arrive pas à les trouver et j'appelle donc la Capitainerie de la Marina. Là on me dit que les conteneurs peuvent être utilisés par tous les particuliers et que la société d'enlèvement a un contrat qui lui demande respecter le tri sélectif...
Il ne me reste donc plus qu'à guetter le camion benne pour interviewer le chauffeur si je veux aller jusqu'au bout de mon enquête. Et ensuite, que deviennent les différents produits triés ? Le recyclage est-il opérationnel ?
Malgré ces incertitudes, je continuerai à trier. J'ai aussi un sac de bouchons en plastique (...bonnes vieilles habitudes : en métropole je les collectionnais pour financer la fabrication des fauteuils de paralysés ), dont je ne sais toujours pas quoi faire ici. Je finirai bien par trouver !



Pour conclure :
A ce jour, le principe du tri sélectif est acquis mais concrètement rien n'est mis en place encore sauf pour les piles usagées et pour les lampes à faible consommation (à l'entrée des grandes surfaces et dans les centres commerciaux) . Ceux qui veulent avoir une conduite "écocitoyenne", doivent se rendre eux-mêmes avec leurs poubelles sur les lieux des décharges comme celle de la Gabarre aux Abymes... il faut vraiment être très motivé mais certains le sont, comme ma voisine qui va régulièrement à la déchèterie de la Gabarre.
On attend donc la mise en place effective d'une filière de tri sélectif : lieux de collecte, centres de tri et usines de traitement.
Plus que le manque de moyens financiers et économiques, les querelles entre communes, les intérêts particuliers (syndrome NIMBY "not in my backyard"), les préoccupations électorales mais aussi une concertation insuffisante entre les différents acteurs sont les freins à la concrétisation des projets environnementaux qui sont souvent invoqués. A cela s'ajoute les contraintes inhérentes à la Guadeloupe : surface limitée et coût de la transformation de certains matériaux de récupération trop élevé par rapport au volume recyclé pour un traitement sur place.
Souhaitons que, pour ce beau département, les bons choix soient faits et les mesures rapidement mises en place avec, comme préoccupation essentielle, la préservation de la nature et la qualité de vie des Guadeloupéens.

Bon, j'ai été un peu longue aujourd'hui, mais c'est vraiment un sujet qui me tient à coeur !



La Guadeloupe est belle, protégeons-la ! Ici, la plage de Clugny.


lundi 10 novembre 2008

Sur les traces de La Lise

C'était samedi dernier :
D'abord, la petite route ne menait nulle part.


Puis il a fallu passer un gué.


Derrière la maison rouge, le ciel était menaçant.



Sous les bananiers, une bâtisse rescapée.




Les murs sont recouverts d'essentes.



Le boucan à tiroirs pour le séchage du café et l'alambic du" capitaine Nemo"




Ce ne sont pas des pendules... alors quoi ?



C'était samedi dernier, à l'Habitation La Lise, près de Bouillante, au lieu-dit Pigeon . Cette habitation fut construite en 1671 par la famille Lousteau qui a donné son nom à la rivière . Il s'y développa une sucrerie au XVIII ème siècle. Elle fut transformée comme souvent en Guadeloupe en distillerie à la fin du XIXème siècle et l'activité se diversifia avec celle du café.
Cette distillerie artisanale fut la dernière à cesser de fonctionner en 1971. Elle a été classée monument historique depuis 1993 et se visite lors des journées du patrimoine, ou exceptionnellement sur demande à ses propriétaires. On peut y voir le moulin et sa roue à eau et un aqueduc qui devrait être remis en eau après travaux, la vinaigrerie, la bonifierie, le boucan et la manioquerie.
Tous ces bâtiments en bois surmontés de tôle rouillée qui ont été plus ou moins dégagés de la végétation forment un ensemble important et attendent d'être restaurés.
Plus loin, trois bassins remplis d'une eau à 31 degrés par des micro-fissures souterraines servaient autrefois de bains.




samedi 1 novembre 2008

Les lumières de la Toussaint


Depuis des semaines, en Guadeloupe, les cimetières voient se déployer une activité nouvelle dans leurs allées et sur leurs tombes. On nettoie, on repeint, on remet du sable. Tout doit être prêt pour le 1er novembre, jour de la Toussaint. Ici, cette fête catholique est très importante. Dans les grandes surfaces on trouve actuellement des linéaires de bougies blanches ou vendues dans de petits bougeoirs en plastique rouge.


Petit rappel : la Toussaint, qui honore "l'ensemble des saints", est célébrée le 1er novembre depuis le IXème siècle par l'Eglise catholique. Elle a pris la place d'une fête païenne celte , Samhain,  qui marquait le passage de la" saison claire à la saison sombre", fête de transition et d'ouverture vers l'Autre Monde.
Au XIXème siècle les Irlandais ont exporté cette coutume avec eux en Amérique (devenue depuis Halloween). Des petites lumières étaient placées devant les portes pour chasser les revenants.

Au XIème siècle, on fait suivre la Toussaint du "jour des morts", jour de commémoration des défunts. Cependant, du fait que la Toussaint est un jour férié, l'usage est établi de commémorer les morts le 1er novembre. Pour l'Eglise catholique, la fête de la Toussaint témoigne de l'espérance chrétienne devant la mort.

En Guadeloupe, cette fête religieuse est l'occasion de réunion des familles et des proches qui passent une bonne partie de la nuit dans les cimetières illuminés de centaines de petites bougies.





Nous sommes allés ce soir au cimetière de Morne à l'Eau, célèbre pour ses tombes en damiers noirs et blancs qui forment une véritable petite ville sur la pente d'un morne.

Après de longs embouteillages dus à la déviation autour de la ville pour cette occasion, nous sommes arrivés devant le cimetière où la circulation automobile avait fait place à une foule dense autour de camionnettes et de marchands ambulants de bokits, pop-corn, cornets de cacahuètes, sorbets coco...


Nous avons suivi le flot des familles et sommes rentrés dans le cimetière où brillaient sur chaque tombe de nombreuses petites bougies aux lumières rouges ou blanches. Déjà, au cours de notre trajet, nous avions observé la présence de bougies au pied des murs des maisons. Mais là elles étaient serrées et nombreuses, ajoutant leur chaleur à celle de la nuit. Nous avons avancé lentement dans les allées envahies de monde.
Toute la ville semblait s'y être donné rendez-vous. Un brouhaha léger et continuel régnait autour des caveaux de famille aux allures de petites maisons carrelées où l'on se rassemblait, se saluait, déposait des fleurs, les enfants s'affairant autour des bougies, des petits endormis dans des bras maternels. Et par-dessus, le chant nocturne des grenouilles, toujours présent.

Très peu de "touristes", les Guadeloupéens sont entre eux pour cette fête profondément ancrée dans leur tradition. Beaucoup de sérénité, rien de pesant ni de triste dans ce moment de rassemblement et de recueillement. Cette fête lumineuse, si loin de ce que l'on peut voir dans les cimetières de métropole, donne une impression très particulière que les mots ne peuvent qu'imparfaitement décrire.