"Tous écocitoyens!" titre le supplément du France-Antilles du jeudi 13 novembre...
et en effet, les problèmes écologiques sont particulièrement visibles et préoccupants en Guadeloupe et les mesures de protection de l'environnement qui peinent à être mises en place, de plus en plus d'actualité.
Chlordécone imprégnant les sols, décharges sauvages, carcasses de voitures abandonnées salissent l'archipel et le dégrade durablement !
Rapporter ses déchets n'est pas encore un geste appris par tous et les abords des plages gardent trop souvent la trace des pique-niques, en particulier après les week-ends et les fêtes.
La première photo ainsi que celle de la carcasse de voiture ont été prises sur le sentier d'un "site protégé" !
Le retard pris ici en matière de protection de l'environnement , (la Martinique est plus en avance dans ce domaine), a des conséquences désastreuses pour tout l'écosystème et si les choses commencent à bouger, cela se fait très lentement.
Cependant lorsque ce sujet est évoqué, que ce soit avec les personnes que l'on côtoie ou par le canal des médias, chacun semble y être sensibilisé. Si les gestes écologiques ne font pas encore partie de la vie quotidienne, les mentalités sont en train d'évoluer et les habitudes devraient le faire aussi, en particulier lorsque les organisations intercommunales se doteront des équipements nécessaires.
Janvier 2007 : mon premier contact avec la Guadeloupe. Je vais me renseigner à la mairie de la commune . Habituée au tri sélectif, je répugne à mélanger bouteilles en verre et en plastique aux déchets ménagers.
Je demande donc s'il y a des points d'apport pour le tri sélectif des ordures ménagères. L'employée de mairie semble surprise et me répond par la négative.
"Et pour les piles usagées, que fait-on ?"
Après m'avoir regardée comme si j'étais une extra-terrestre : " Ben, dans la poubelle !"...
Donc, vous l'avez compris, jusqu'à présent, tout termine dans les décharges officielles ou sauvages (même si ces dernières ont été officiellement fermées)... et y reste.
Depuis, 2 ans ont passé et j'ai pu constater l'existence d' une volonté de changement. Le souci écologique a pris place dans les dernières campagnes municipales. De nombreux projets pédagogiques sont élaborés sur ce thème et des actions menées par des élèves des écoles ou des collèges : nettoyage des plages, apprentissage du tri, réalisation de panneaux explicatifs.... les jeunes générations vont pouvoir éduquer les anciennes !
J'ai découvert aussi, un peu par hasard car la plupart de mes connaissances l'ignorent, qu'il existe des conteneurs pour le tri sélectif à la Capitainerie de la Marina de Bas-du-Fort et je stocke bouteilles en verre et en plastique, boites en métal et cartons pour aller les y déposer. Ce n'est pas très loin mais cela oblige à un déplacement en voiture (et oui, à un petit degré, ce n'est pas complètement écolo). Ma satisfaction est de faire un geste pour préserver l'environnement jusqu'au jour où une amie me dit que les déchets que j'ai si bien triés seront mis en vrac dans la benne unique du camion de ramassage !
Indignée et pour en avoir le coeur net, je relève le numéro de téléphone indiqué sur le point de collecte et j'appelle.
Au bout du fil une personne me répond que je ne suis pas dans le bon service et qu'ils ne s'occupent que des produits dangereux : huiles usées et batteries des bateaux. Ces déchets , m'explique-t-elle, sont acheminés par bateaux en métropole pour y être traités car cela reviendrait trop cher de le faire sur place.
J'apprends aussi que les conteneurs du tri sélectif de la Marina sont destinés aux plaisanciers même si les particuliers "terriens" comme moi les utilisent (et ils débordent souvent). Mon interlocutrice a effectivement entendu parler d'un camion qui avait chargé dans une benne unique ce qui avait été trié par des élèves d'un collège mais, ajoute-t-elle, c'est une histoire ancienne et cela ne doit pas être le cas à la Capitainerie. Elle me donne le numéro de l'ADEME :"Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie".
A l'ADEME on me répond que la gestion des déchets de la Marina appartient à ses propriétaires (Transat Antilles Voyage) et qu'il faut les contacter. Je n'arrive pas à les trouver et j'appelle donc la Capitainerie de la Marina. Là on me dit que les conteneurs peuvent être utilisés par tous les particuliers et que la société d'enlèvement a un contrat qui lui demande respecter le tri sélectif...
Il ne me reste donc plus qu'à guetter le camion benne pour interviewer le chauffeur si je veux aller jusqu'au bout de mon enquête. Et ensuite, que deviennent les différents produits triés ? Le recyclage est-il opérationnel ?
Malgré ces incertitudes, je continuerai à trier. J'ai aussi un sac de bouchons en plastique (...bonnes vieilles habitudes : en métropole je les collectionnais pour financer la fabrication des fauteuils de paralysés ), dont je ne sais toujours pas quoi faire ici. Je finirai bien par trouver !
Pour conclure :
A ce jour, le principe du tri sélectif est acquis mais concrètement rien n'est mis en place encore sauf pour les piles usagées et pour les lampes à faible consommation (à l'entrée des grandes surfaces et dans les centres commerciaux) . Ceux qui veulent avoir une conduite "écocitoyenne", doivent se rendre eux-mêmes avec leurs poubelles sur les lieux des décharges comme celle de la Gabarre aux Abymes... il faut vraiment être très motivé mais certains le sont, comme ma voisine qui va régulièrement à la déchèterie de la Gabarre.
On attend donc la mise en place effective d'une filière de tri sélectif : lieux de collecte, centres de tri et usines de traitement.
Plus que le manque de moyens financiers et économiques, les querelles entre communes, les intérêts particuliers (syndrome NIMBY "not in my backyard"), les préoccupations électorales mais aussi une concertation insuffisante entre les différents acteurs sont les freins à la concrétisation des projets environnementaux qui sont souvent invoqués. A cela s'ajoute les contraintes inhérentes à la Guadeloupe : surface limitée et coût de la transformation de certains matériaux de récupération trop élevé par rapport au volume recyclé pour un traitement sur place.
Souhaitons que, pour ce beau département, les bons choix soient faits et les mesures rapidement mises en place avec, comme préoccupation essentielle, la préservation de la nature et la qualité de vie des Guadeloupéens.
Bon, j'ai été un peu longue aujourd'hui, mais c'est vraiment un sujet qui me tient à coeur !
Chlordécone imprégnant les sols, décharges sauvages, carcasses de voitures abandonnées salissent l'archipel et le dégrade durablement !
Rapporter ses déchets n'est pas encore un geste appris par tous et les abords des plages gardent trop souvent la trace des pique-niques, en particulier après les week-ends et les fêtes.
La première photo ainsi que celle de la carcasse de voiture ont été prises sur le sentier d'un "site protégé" !
Le retard pris ici en matière de protection de l'environnement , (la Martinique est plus en avance dans ce domaine), a des conséquences désastreuses pour tout l'écosystème et si les choses commencent à bouger, cela se fait très lentement.
Cependant lorsque ce sujet est évoqué, que ce soit avec les personnes que l'on côtoie ou par le canal des médias, chacun semble y être sensibilisé. Si les gestes écologiques ne font pas encore partie de la vie quotidienne, les mentalités sont en train d'évoluer et les habitudes devraient le faire aussi, en particulier lorsque les organisations intercommunales se doteront des équipements nécessaires.
Janvier 2007 : mon premier contact avec la Guadeloupe. Je vais me renseigner à la mairie de la commune . Habituée au tri sélectif, je répugne à mélanger bouteilles en verre et en plastique aux déchets ménagers.
Je demande donc s'il y a des points d'apport pour le tri sélectif des ordures ménagères. L'employée de mairie semble surprise et me répond par la négative.
"Et pour les piles usagées, que fait-on ?"
Après m'avoir regardée comme si j'étais une extra-terrestre : " Ben, dans la poubelle !"...
Donc, vous l'avez compris, jusqu'à présent, tout termine dans les décharges officielles ou sauvages (même si ces dernières ont été officiellement fermées)... et y reste.
Depuis, 2 ans ont passé et j'ai pu constater l'existence d' une volonté de changement. Le souci écologique a pris place dans les dernières campagnes municipales. De nombreux projets pédagogiques sont élaborés sur ce thème et des actions menées par des élèves des écoles ou des collèges : nettoyage des plages, apprentissage du tri, réalisation de panneaux explicatifs.... les jeunes générations vont pouvoir éduquer les anciennes !
J'ai découvert aussi, un peu par hasard car la plupart de mes connaissances l'ignorent, qu'il existe des conteneurs pour le tri sélectif à la Capitainerie de la Marina de Bas-du-Fort et je stocke bouteilles en verre et en plastique, boites en métal et cartons pour aller les y déposer. Ce n'est pas très loin mais cela oblige à un déplacement en voiture (et oui, à un petit degré, ce n'est pas complètement écolo). Ma satisfaction est de faire un geste pour préserver l'environnement jusqu'au jour où une amie me dit que les déchets que j'ai si bien triés seront mis en vrac dans la benne unique du camion de ramassage !
Indignée et pour en avoir le coeur net, je relève le numéro de téléphone indiqué sur le point de collecte et j'appelle.
Au bout du fil une personne me répond que je ne suis pas dans le bon service et qu'ils ne s'occupent que des produits dangereux : huiles usées et batteries des bateaux. Ces déchets , m'explique-t-elle, sont acheminés par bateaux en métropole pour y être traités car cela reviendrait trop cher de le faire sur place.
J'apprends aussi que les conteneurs du tri sélectif de la Marina sont destinés aux plaisanciers même si les particuliers "terriens" comme moi les utilisent (et ils débordent souvent). Mon interlocutrice a effectivement entendu parler d'un camion qui avait chargé dans une benne unique ce qui avait été trié par des élèves d'un collège mais, ajoute-t-elle, c'est une histoire ancienne et cela ne doit pas être le cas à la Capitainerie. Elle me donne le numéro de l'ADEME :"Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie".
A l'ADEME on me répond que la gestion des déchets de la Marina appartient à ses propriétaires (Transat Antilles Voyage) et qu'il faut les contacter. Je n'arrive pas à les trouver et j'appelle donc la Capitainerie de la Marina. Là on me dit que les conteneurs peuvent être utilisés par tous les particuliers et que la société d'enlèvement a un contrat qui lui demande respecter le tri sélectif...
Il ne me reste donc plus qu'à guetter le camion benne pour interviewer le chauffeur si je veux aller jusqu'au bout de mon enquête. Et ensuite, que deviennent les différents produits triés ? Le recyclage est-il opérationnel ?
Malgré ces incertitudes, je continuerai à trier. J'ai aussi un sac de bouchons en plastique (...bonnes vieilles habitudes : en métropole je les collectionnais pour financer la fabrication des fauteuils de paralysés ), dont je ne sais toujours pas quoi faire ici. Je finirai bien par trouver !
Pour conclure :
A ce jour, le principe du tri sélectif est acquis mais concrètement rien n'est mis en place encore sauf pour les piles usagées et pour les lampes à faible consommation (à l'entrée des grandes surfaces et dans les centres commerciaux) . Ceux qui veulent avoir une conduite "écocitoyenne", doivent se rendre eux-mêmes avec leurs poubelles sur les lieux des décharges comme celle de la Gabarre aux Abymes... il faut vraiment être très motivé mais certains le sont, comme ma voisine qui va régulièrement à la déchèterie de la Gabarre.
On attend donc la mise en place effective d'une filière de tri sélectif : lieux de collecte, centres de tri et usines de traitement.
Plus que le manque de moyens financiers et économiques, les querelles entre communes, les intérêts particuliers (syndrome NIMBY "not in my backyard"), les préoccupations électorales mais aussi une concertation insuffisante entre les différents acteurs sont les freins à la concrétisation des projets environnementaux qui sont souvent invoqués. A cela s'ajoute les contraintes inhérentes à la Guadeloupe : surface limitée et coût de la transformation de certains matériaux de récupération trop élevé par rapport au volume recyclé pour un traitement sur place.
Souhaitons que, pour ce beau département, les bons choix soient faits et les mesures rapidement mises en place avec, comme préoccupation essentielle, la préservation de la nature et la qualité de vie des Guadeloupéens.
Bon, j'ai été un peu longue aujourd'hui, mais c'est vraiment un sujet qui me tient à coeur !
La Guadeloupe est belle, protégeons-la ! Ici, la plage de Clugny.
4 commentaires:
Très bien l'enquête !
On dirait Erin Brockovich en Gwada ! On attend d'en savoir plus sur le camion. Essaye de te renseigner sur ses horaires de passages ! Il faut clore l'enquête !
"La Marina de Bas du Fort est depuis le 1er Janvier 2006 et pour une durée de quinze ans gérée par le groupement Transat Antilles Voyage – Compagnie Générale Portuaire dans le cadre d’un contrat de concession." peut-on lire sur internet.
Dons les coordonnées sont:
Port Authorities and Compagnie Générale Portuaire
Reception:
Monday to Saturday from 8am to 5:30 pm
Sunday from 8am to 12.00pm
Reception waterside:
7/7 days, day and night
Mail:
Marina-Bas-du-Fort - 97110 Pointe-à-Pitre
Phone: +590-(0)5 90 93 66 20 (20 lines trunk group-answering machine F/G/E after opening hours)
Fax: 05 90 90 81 53 - VHF 9
Hé, Anonyme, en tapant quel sésame sur Google as-tu eu ces infos ?
Le n° de tél est celui que j'avais appelé.
Si j'en apprends plus, j'écrirai une suite. Peut-être qu'un(e) de mes lecteurs(trices) guadeloupéens(nes) aura des tuyaux...
Bonjour !
Alors désolée de casser ce bel enthousiasme et cette satisfaction bien légitime d'avoir l'impression de faire un geste pour l'environnement, mais les containers sélectifs de la Marina ne sont là que pour faire joli.
De source sûre (mais que je ne peux citer), tout est amené à la décharge de la Gabarre. Et pas recyclé, car pas assez de tonnage pour envoyer les produits dans un endroit ou il existe réellement une filière de tri sélectif.
Ces containers permettent à la Marina de Bas-du-Fort d'avoir le label "Marina Verte" (ce qui peut-être amène quelques compensations financières ou subventions), en tout cas cela fait bien face aux riches plaisanciers nord-américains (très sensibles au tri sélectif), quand ils arrivent au quai 6 (le quai invités).
Donc si l'on résume, en fait tu dépenses de l'argent et de l'essence et tu produis du carbone pour amener à la Marina de Bas du Fort des déchets qui seront ensuite ramenés avec les autres à la Gabarre.
Mais je connais des gens qui font pareil et ils habitent à ... Bouillante !!!!
La Guadeloupe est vraiment loin très loin d'avoir une vraie politique dirigiste en matière de déchets. Et c'est pourtant la seule solution pour que cela marche.
Merci beaucoup à Anonyme 2 pour toutes ces précisions.
Trouver la bonne information relève du parcours du combattant !
Enregistrer un commentaire