mardi 29 septembre 2009

L'habitation Thomas




Dernière visite pour ces Journées du patrimoine 2009 : l'habitation Thomas, au sud de Bouillante, une ancienne caféière inscrite monument historique et qui depuis un an est en train d'être restaurée par des particuliers.
Il était écrit sur le programme : "prévenir de votre arrivée car les voitures ne peuvent pas se croiser". Cela concernait la dernière portion de route car l'habitation se situe au bout du bout d'une étroite route , par endroits cahoteuse même si carrossable et qui monte jusqu'à cette dernière maison entourée de la crête Grigne au vent, du Gros Figuier et du morne Surelle. Nous avons laissé la voiture pour terminer à pied à ma demande car j'ai tendance à ne pas apprécier quand notre véhicule bas de caisse se prend pour une 4-4. Ce bout de chemin était très joli et l'habitation est apparue, nous surplombant sur notre droite, au milieu de cannes d'eau, d'alpinias et de palmiers élancés.



Les propriétaires, qui habitent pour le moment un joli boucan aménagé derrière la maison , nous ont accueillis de façon très sympathique. Nous avons eu des explications en détail sur la restauration de la maison qui a toujours été habitée (sans eau courante ni électricité) mais qui n'était pas vraiment en bon état. Les plus gros travaux sont à présent achevés. Les nouveaux habitants ont fait installer des panneaux solaires sur l'une des pentes du toit pour produire l'électricité, une deuxième citerne pour l'eau , une fosse septique avec un système très élaboré de filtrage (belles fiches explicatives faites par leurs enfants). Des travaux de menuiserie exécutés par des artisans locaux ont permis de restaurer la galerie, de réparer le plancher là où les termites l'avaient attaqué, de poser un beau dallage en pierre de Bouillante. La grande pièce du bas est encore vide. Seul l'occupe un piano avec une pile de partitions. Ici, pas de danger de déranger les voisins... A l'étage la charpente a été refaite dans les règles de l'art.



De la maison, la vue est superbe avec la mer des Caraïbes qui scintille au loin. Tout autour, la végétation luxuriante réserve aux nouveaux occupants de belles découvertes : arbres fruitiers comme des pamplemoussiers, avocatiers... et dernièrement un calebassier. La nuit, nous ont-ils dit, aucune lumière n'est visible depuis leur thébaïde... qui cependant n'est pas complètement retirée puisque le téléphone y arrive et que l'ADSL y a un bon débit !



Et pour ceux que cela intéresse, d'autres habitations de la côte sous-le-vent sur ce site de photos.

lundi 28 septembre 2009

L'ancienne glacière de Pigeon

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Suite donc des Journées du patrimoine. Le dimanche nous avons pris la route de la Traversée et gagné en fin de matinée la côte sous-le-vent. Vu l'heure un peu tardive (c'était dimanche après tout), notre première visite fut pour l'habitation Grange Bel Ô qui est l'ancienne glacière de la commune de Pigeon et qui loue sur son domaine des bungalows et des carbets aménagés près de la rivière Bourceau.
Cette glacière n'était pas comme la glacière de Basse-Terre (où s'est installée aujourd'hui la Banque des Antilles françaises) un lieu de stockage, mais un lieu de fabrication.
L'énergie était fournie par une roue à eau dont peut encore voir l'installation. La jeune femme qui nous guidait a présenté succinctement le système de refroidissement comme si ça allait de soi et elle est rapidement repartie suivie du groupe (il faisait très chaud devant la glacière) en passant à la visite du jardin . Mais pour la pauvre littéraire que je suis, sans connaissances de cette matière certainement passionnante qu'est la thermodynamique, il manquait un complément d'explication !
Donc, depuis l'Antiquité, on savait stocker la glace produite en hiver ou cherchée dans les pays froids. On la transportait sous de gros volumes, enveloppée dans de la toile de jute, et elle était enterrée ou déposée dans des ouvrages en maçonnerie. La glacière de Basse-Terre est un bâtiment octogonal du début du XIXème siècle qui avait une contenance de 20 000 kg de glace. En Guadeloupe la glace naturelle a commencé à être importée à partir de 1820 et venait des Etats-Unis. Ensuite avec le progrès des connaissances (celles qui me manquent encore), on a su la fabriquer.
Ce que j'ai tout de même compris : on ne "fait" pas du froid mais le principe, qui est celui des réfrigérateurs et des climatiseurs, est de retirer de la chaleur existante à un milieu, ce qui entraîne un refroidissement. Après il est question de turbines, de compresseurs, de liquide, de gaz, de condensation, d'évaporation et de refroidissement...
J'attends des éclaircissements sur le sujet...


Caramboles du jardin

Pour faire une pause avant de voir notre dernière habitation ( last but not least !) , nous avons déjeuné au restaurant Les tortues qui donne sur une charmante crique avec des bateaux et des cabanes de pêcheurs mais dont la cuisine ne nous a pas paru pas à la hauteur de sa réputation d'antan, dont nous avaient fait part des Guadeloupéens de longue date.



Suite et fin dans le prochain post

samedi 26 septembre 2009

L'habitation Routa

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Après nos deux visites du matin, on continue le tour des habitations et cette fois, direction Le Lamentin. Nous avions été invités par l'association des "Vieilles maisons" à nous rendre chez M. et Mme Wachter qui sont les propriétaires de l'habitation Routa . La visite a été guidée par une amie de la maison, Catherine Debedde , auteur du guide Evasion sur la Guadeloupe ( c'est pratique Google !) ayant fait sa maîtrise sur le domaine Routa (et que j'avais déjà rencontrée en tant que peintre sur porcelaine). La famille Wachter qui a acheté l'habitation Routa en 1920 venait d'Autriche en passant par Marie-Galante (je résume).
L'habitation, est une ancienne "sucrotte" (petite sucrerie qui fabriquait des pains de sucre qu'on exportait brut vers la France). On en a des traces depuis 1726 .
Après s'être appelée La Fontaine, Bellevue, l'Espérance... en 1837 elle prend le nom de ses propriétaires "Routa".



La maison actuelle, construite par Henri Wachter, le père de Guy W., en 1935 avec un matériau innovant, le béton armé, est de forme hexagonale. L'introduction du béton est tout à fait récente à cette époque. A la suite du terrible cyclone de 1928, il sera utilisé par l'architecte Ali Tur qui a construit entre 1929 et 1937 plus d'une centaine d'édifices gouvernementaux et communaux. Pour ceux qui se demandent qui est cet architecte au prénom arabe, Ali Tur explique dans une plaidoirie rédigée en 1937 qu'il est né à Tunis par le hasard de la vie administrative de son père polytechnicien et que celui-ci "qui portait en lui le goût des lettres et de la poésie" l'a prénommé ainsi alors qu'il est d'ascendance cevenole par son père et alsacienne par sa mère.
Mais j'arrête là la digression...



Après la construction de la maison, l'eau courante est arrivée en 1950 (avant il fallait pomper l'eau de la citerne), l'électricité en 1968.
Guy Wachter nous a parlé de la distillerie qui a fonctionné à partir de 1927 et dont il s'est occupé de nombreuses années et a expliqué les améliorations techniques apportées par son père et lui-même pour faire un rhum de qualité. On peut voir l'ancienne roue, le canal qui apportait l'eau venant de la Grande Rivière de Goyave, les chaudières et les cuves encore posées sur le sol.
La production du rhum a connu une période faste en se développant lors de la guerre de 14-18 car on fournissait aux soldats cette boisson roborative. Ensuite, les viticulteurs métropolitains s'inquiétant de cette concurrence, la loi du contingentement de 1922 a été promulguée. Elle limitait la quantité de rhum que les distilleries pouvaient exporter. Outre la fermeture des distilleries les plus fragiles, cela a eu pour conséquences l'essor d'une activité de contrebande.
Le canal et la distillerie se sont arrêtés de fonctionner en 1973. Aujourd'hui l'habitation Routa s'est reconvertie dans une agriculture diversifiée de produits locaux (... j'ai retenu l'ananas). Les chevaux de la propriété ont été remplacés par un cheptel de bovins qui fournissent un engrais naturel pour les cultures. Une habitation tournée vers l'avenir ...


A suivre

vendredi 25 septembre 2009

La maison Zévallos


Après la visite de l'habitation Le Maud'huy, nous nous sommes dirigés vers la maison Zévallos ( du nom de son premier acquéreur, le comte Hector Parisis de Zévallos) . Elle se trouve entre Saint-François et Le Moule. Cette maison coloniale édifiée en 1870 a une architecture originale car elle se caractérise par de fines colonnes métalliques pour soutenir sa véranda et sa galerie ce qui lui confère beaucoup de légèreté. Les lambrequins, ces frises découpées qui décorent les bordures des toits, sont eux aussi en métal.


Il existe dans l'île une maison qui lui ressemble beaucoup, la maison Souques-Pagès qui abrite le musée Saint-John Perse à Pointe-à-Pitre. Toutes deux auraient été fabriquées dans les ateliers de Gustave Eiffel ou au moins en ont le style. On raconte que ces deux maisons en éléments préfabriqués auraient été commandées par un propriétaire de Louisiane pour ses filles et que le capitaine du navire qui les transportaient ayant eu des avaries importantes aurait mouillé à Pointe-à-Pitre et vendu les maisons pour payer les réparations. (Version rapportée entre autre par Le guide du routard). Cependant d'après la propriétaire actuelle, cette histoire relèverait de la légende. Sur le site du "Patrimoine de France" il est écrit que cette maison viendrait de Nouvelle-Orléans.



Des bruits de "maison hantée" courent aussi à propos de cette demeure. Une "case à vent " sous la maison (pour se protéger des cyclones) où l'on aurait enfermé des esclaves, des incidents violents qui se seraient déroulés sur le domaine en sont peut-être la source et il existe plusieurs variantes de la rumeur. Beaucoup de légendes donc, pour une seule maison !
Cette maison qui a connu de nombreux propriétaires successifs et qui a été classée en 1990, devrait être restaurée prochainement et accessible au public (mais malheureusement les lenteurs administratives freinent souvent les projets). Grâce à son ouverture exceptionnelle pour les journées du patrimoine (d'habitude on l'aperçoit de la route à travers les grilles), nous avons pu voir le rez-de-chaussée qui est vide mais comporte de belles boiseries en bois exotique. Quelques vestiges de l'ancienne usine à sucre fondée en 1844, dont une cheminée, sont visibles tout près. L'exploitation sucrière a pris fin en 1901.



Derrière la cheminée de l'usine, un arbre aux curieux fruits appelé au choix "arbre à saucisses", "à boudins" ," à saucissons"... qui n'est autre qu'un Kigelia Africana.

à suivre

jeudi 24 septembre 2009

L'habitation Le Maud'huy

C'est la période cyclonique et il fait chaud . Température de l'air aujourd'hui : 32 degrés , température de l'eau : 31 degrés. Je sais que je vais en faire râler plus d'un, mais la mer est trop chaude ! ... surtout quand on y fait une séance d'aquagym. Bon, mais je ne me plains pas et je trouve que j'ai plutôt de la chance de pouvoir aller faire quelques brasses en fin de journée pour me détendre en pensant que bientôt je retrouverai le froid et le gris continental puisque notre retour est à présent programmé.




Maintenant venons-en au sujet du post. Lors des journée du patrimoine - c'était le week-end dernier - nous sommes allés visiter plusieurs "habitations". Une habitation est un terme qui date de la colonisation. Il désigne une unité agricole (sucrière ou caféière pour la plupart) avec ses différents bâtiments dont la maison de maître. C'est souvent cette dernière à laquelle on associe le mot d' "habitation". Généralement construite en hauteur pour recevoir les alizés, elle se caractérise par des pièces spacieuses, ouvertes en enfilade au rez-de-chaussée. Les "maisons de maître" sont aujourd'hui moins nombreuses en Guadeloupe qu'en Martinique. Cela s'explique en partie parce que la Martinique était aux mains des Anglais pendant la Révolution française et de ce fait a connu moins de destructions. Cependant on en trouve encore, en particulier sur la côte sous-le-vent (côté caraïbe), certaines en piteux état, d'autres restaurées ou en train de l'être. Toutes ont subi de multiples reconstructions dues aux agrandissements successifs et aux aléas climatiques et sismiques.







Samedi 19, notre première visite fut pour une habitation qui, elle, se trouve en Grande-Terre près de Saint-François. C'est une maison coloniale très élégante bâtie à l'origine par le comte de Maud'huy en 1873-1874. Nous avons été accueillis par la propriétaire actuelle dont le mari, Amédée Huygues-Despointes, avait acheté l'usine sucrière et la maison en 1960. Marie Abraham Despointes nous a fait visiter sa maison en en retraçant l'histoire (épisode marquant : la rencontre de 4 chefs d'Etat, Schmidt, Carter, Giscard et Callaghan dans cette habitation) mais elle a surtout mis l'accent sur la dimension culturelle qu'elle veut donner à ce lieu pour continuer le mécénat initié par son mari. De belles toiles de peintres guadeloupéens ornent les murs des pièces (on reconnaît Rovelas, Nankin), y figure aussi le peintre haïtien Laurenceau. Tous les 2 ans depuis 2000 se tient là Le prix littéraire des Amériques insulaires et de la Guyane créé par Amédée Despointes et l'écrivaine guadeloupéenne Maryse Condé. Le prix 2008 fut décerné à l'écrivain cubain Pedro Juan Gutiérrez pour son roman en partie autobiographique Le nid du serpent. (Cuba dans les années 60.)



L'allée de gommiers qui mène au Maud'huy. Il fait chaud... je ne sors jamais sans mon parapluie reconverti en ombrelle !

à suivre

dimanche 20 septembre 2009

Petite-Terre






Dimanche dernier nous avons passé la journée à Petite-Terre. N'ayant pas de bateau personnel, nous sommes partis avec le catamaran à moteur de la compagnie Awak. Les prestations de la journée avec l'Awak ont été très satisfaisantes. Les seules mises en garde sur les forums des internautes étaient que le capitaine Gilles a la main lourde pour servir le rhum... ce qui s'est avéré vrai et j'ai dû faire discrètement disparaître mon verre généreusement resservi pour ne pas être condamnée à faire la sieste tout l'après-midi...



Les îles de Petite-Terre se situent à trois quart d'heure de navigation depuis Saint-François. Elles sont formées de 2 îlets inhabités depuis 1974 et réserves naturelles. Les mouillages sont limités et Terre de Haut, lieu de nidification, est interdite au public. Terre de Bas a un phare autour duquel un sentier de découverte permet de repérer les différentes espèces végétales de l'île et de rencontrer quelques-uns des nombreux Iguana delicatissima (ils seraient au nombre de 8000), espèce endémique des petites Antilles.



Entre les 2 îlets, un merveilleux lagon où en PMT (palmes, masque, tuba), autrement dit "snorkeling" si l'on préfère l'anglicisme, on peut admirer une profusion de poissons colorés : l'amusant coffre mouton aux motifs alvéolés blancs sur fond noir, les colas, poissons chirurgiens, poissons perroquets... jaunes, bleu métallique, noirs...
Do a été content d'apercevoir une tortue mais elle ne l'a pas attendu ! Un passager de notre bateau a vu un barracuda et une raie.
La traversée secoue pas mal à l'aller car la houle vient du nord. Ce jour-là la mer était calme ce qui n'a pas empêché les passagers restés à l'avant du pont de se faire copieusement arroser. Le retour, comme ce fut le cas pour la Désirade, est beaucoup moins agité.