jeudi 30 juillet 2009

Quelques jours à Bruxelles

A une heure et quart de train de Paris : Bruxelles... et qui plus est, Bruxelles avec un vrai temps d'été !



A Bruxelles on peut aller voir le Musée Magritte Museum qui a ouvert fin mai place Royale dans les murs de l'Hôtel Altenloh. Là on retrouve les tableaux célèbres du peintre mais on découvre aussi ceux de sa "période vache" destinés à bousculer le parisianisme artistique de 1948. Un audio-guide permet d'entendre la voix du peintre et celle de sa femme Georgette et de mieux comprendre le contexte de l'oeuvre (on y perçoit entre autre le sectarisme des groupes surréalistes où seul Eluard semble garder une conduite qui lui fait honneur).


On peut aussi lever la tête en déambulant à travers les rues et observer l'architecture variée de la ville : monumentalité du Parlement Européen dont les bâtiments de verre et de métal sont surmontés de la toiture arrondie qui lui a valu le surnom de "Caprice des Dieux", maisons "Art nouveau" des années 1890-1914 où l'arabesque et les motifs ornementaux de feuillages et de fleurs courent sur les façades (maisons de l'architecte Horta), maisons de briques aux pignons "à gradins" de style flamand, maisons cossues qu'on dirait sorties d'une planche de Jacobs et trompe-l'oeil qui nous rappellent que nous sommes au pays de la BD...







Hier, visite du musée et du jardin Van Buuren, du nom du couple de mécènes. La maison est "Art déco" . Ce style, qui apparaît dans les années 20 en réaction à l'Art nouveau, se caractérise par des formes simples, épurées, essentiellement géométriques. L'architecture extérieure de la maison n'est pas très originale mais les pièces intérieures et l'ameublement sont de toute beauté.

Le vaste jardin qui se décline en parties variées (roseraie, pelouse et verger, jardin du coeur...) est le lieu d'expositions temporaires de sculptures et nous avons pu admirer les fontaines-sculptures en acier inoxydable de Pol Bury qui s'y insèrent avec naturel. (A Paris, Pol Bury est le concepteur des deux fontaines Sphérades du Palais-Royal, dont les boules métalliques reflètent les colonnes Buren. ) L'eau les anime de lents et changeants mouvements. Le temps paraît suspendu dans un équilibre instable avant que l'élément liquide n'actionne subrepticement la rotation des boules tandis que la rêverie est accompagnée par la musique discrète de l'écoulement des filets d'eau.


On peut aussi jouer à se perdre dans le labyrinthe fait de rubans de haies que ponctuent des chambres de verdure entourant chacune une statue d'André Willequet avec une phrase du Cantique des Cantiques. Je ne fus pas la seule à tourner en rond : une jeune fille dont je voyais la tête dépasser des murs de feuillage revint comme moi à de nombreuses reprises sur ses pas avant de trouver la sortie.





Le quartier où s'est installée ma soeur - bruxelloise depuis maintenant un bon nombre d'années - est très verdoyant avec la forêt toute proche. La voisine d'en face a une voiture sur laquelle est inscrit : VAP.
Que recouvre cet acronyme ? VAP signifie "voiture à partager" ou encore en flamand "Vriendelijk anders pendelen". Il s'agit d'un système de covoiturage qui se pratique sous forme d'auto-stop en réseau et dont le service gratuit est réciproque. Il faut s'inscrire (ce qui sécurise davantage le système) et l'on reçoit une carte de "vappeur" à placer sur sa voiture quand on est conducteur ou à tenir en évidence quand on est piéton en attente d'un transport. Certaines communes ont des points VAP marqués par un écriteau. Cette association née en 2005 en région bruxelloise a pour but d'encourager les gens à partager leur voiture et à ne plus rouler seul. Des bénévoles comme la voisine de Marielle en font la publicité et le réseau devrait s'étendre.
Cette idée écologique et sympathique dépassera-t-elle la frontière belge ?


dimanche 26 juillet 2009

jeudi 9 juillet 2009

La Suite Grünewald



Je vous parlais dans mon message précédent de l'exposition au Collège des Bernardins de la Suite Grünewald. Je n'ai pas tardé à m'y rendre dès mon arrivée à Paris. Ne manquez pas cette exposition dont l'entrée est libre, si vous êtes ou passez à Paris. (Voir les renseignements et une vidéo de l'artiste sur le site du Collège des Bernardins.)

Cette série composée de 159 dessins et d'une peinture réalisée de juin 1994 à juin 1996 qui dormait dans des cartons est exposée pour la première fois dans la grande nef cistercienne du Collège. Le peintre Gérard Titus-Carmel propose sa vision du célèbre retable d'Issenheim peint par Matthias Grünewald de 1512 à 1516 (on peut le voir au musée d'Interlinden à Colmar).
L'ensemble des dessins en série de Titus-Carmel sont réalisés avec différentes techniques : mine de plomb, fusain, pierre noire, sanguine, acrylique, aquarelle, lavis mais aussi fins papiers collés Avec la grande toile centrale ils forment une oeuvre complète.



Le premier dessin de la série , une Marie-Madeleine à la mine de plomb est le "chef d'oeuvre", c'est-à-dire le dessin de départ avec lequel l'ensemble sera en cohérence. Le dernier dessin représente le doigt pointé de Jean-Baptiste vers le Christ avec l'inscription :
"Illum oportet crescere, me autem minui"
(Il faut qu'il croisse et que je diminue).

Les motifs (personnages, mains...) se déclinent en privilégiant la circulation des formes et les grandes lignes de force et en allant progressivement vers le dépouillement et l'abstraction.

Les couleurs se répondent : noir, rouge, blanc, ocre, terre...
Avec la grande toile que l'on aperçoit au fond de la nef lorsque l'on rentre, l'ensemble est saisissant. La contemplation plus attentive de l'oeuvre suscite une émotion d'une force extraordinaire.

Il ne faut pas hésiter à dialoguer avec le "médiateur culturel" qui apporte des réponses enrichissantes pour mieux entrer dans la compréhension de l'oeuvre. Celui que j'ai rencontré m'a signalé quelques vers du peintre qui est aussi écrivain et poète, placés très discrètement à droite vers le dernier dessin :


Comment pouvons-nous accorder un reste de beauté
à cette guerre dis-moi
Soupire crie lamente-toi ne laisse pas la mort
conquérir ta bouche

(Ici rien n'est présent )


samedi 4 juillet 2009

Et l'art ?



Du 14 au 21 juin, s'est tenue à Baie-Mahault dans une friche industrielle située derrière la mairie, la première édition d'une manifestation d'Art Moderne et Contemporain "ART BEMO" qui présentait des artistes plasticiens antillais. En attendant la création d'un Centre d'Art Contemporain, projet évoqué par le maire dans la plaquette éditée à cette occasion, cette expérience devrait être renouvelée chaque année.
Au vernissage, la présentation de l'exposition où l'on put entendre l'artiste Jorge Rovelas et Jean-Marc Hunt, le jeune plasticien maître d'oeuvre de la manifestation, fut suivie d'une performance puis d'une "post-performance" avec les enfants qui s'en sont donné à coeur joie en transformant les lieux-mêmes en un champ de bataille animé.



Les oeuvres de 18 artistes étaient présentées : peintures, photographies, vidéos, installations, design... et composaient un ensemble très intéressant.

L' initiative d'une telle manifestation mérite d'être saluée. Il n'existe aucun musée d'Art jusqu'à présent en Guadeloupe et les galeries sont en nombre très limité. Pour ma part je n'en connais que 2 : Imagin'Art près de Sainte-Rose et la galerie T&T à Basse-Terre... à part celles-ci, des petits lieux d'exposition souvent confidentiels dans des boutiques ou des ateliers. Et pourtant, il y a des artistes !




Cette dernière oeuvre de grandes dimensions est de Sébastien Caro .Vous pouvez voir son travail sur son blog Juskalos. L'artiste y rend hommage à Titus-Carmel qui lui a inspiré le thème du motif végétal.
A propos de ce dernier peintre : actuellement se tient à Paris au collège des Bernardins jusqu'au 9 août l'exposition de La suite Grünewald de Titus-Carmel.

Davantage de photos ici.


jeudi 2 juillet 2009

Le saut d'eau du Matouba


Mon blog tourne au ralenti actuellement : la faute au bac de français, mais, ouf ! c'est fini et mes élèves semblent avoir bien réussi leur oral... , la concurrence avec mon blog de marche et beaucoup d'autres occupations encore en cette période de départs, fêtes, manifestations variées...
Après notre retour nous avons donc repris nos bonnes habitudes et nous avons poursuivi pendant les week-ends nos visites de la Guadeloupe.

Une de nos sorties fut le saut d'eau de Matouba. Dans cette contrée aux belles eaux, la terminologie revêt des nuances : "saut", "chute", généralement quand l'eau tombe de plus haut, "coulisse" quand la rivière s'est creusé un chemin dans la pierre

Quant à "matouba", c'est un mot d'origine caraïbe qui signifie "lieu où foisonnent fleurs et oiseaux"(on peut admirer la concision de la langue caraïbe... ). Matouba est un village appartenant à la commune de Saint-Claude. Il possède une source produisant l'une des eaux commercialisées de l'île.

Matouba est connu pour avoir été le lieu d'un haut-fait de la lutte contre l'esclavagisme. Le 28 mai 1802, le commandant Delgrès qui résistait aux troupes consulaires envoyées par Bonaparte pour rétablir l'esclavage, s'était retranché sur l'habitation d'Anglemont et avait choisi de se faire sauter avec 3oo de ses compagnons plutôt que de se rendre.

Au-dessus de Matouba se trouve l'habitation La Joséphine où Saint-John Perse passait ses vacances dans sa jeunesse. La maison, détruite en août 1964 lors du passage du cyclone Cléo, a été reconstruite. Elle ne se visite pas habituellement mais on peut la louer... Nous avons tenté de l'apercevoir à travers son portail en nous dirigeant vers le début de la marche situé tout près.
Pour gagner le saut, on descend par un charmant petit sentier bordé d'impatiens rouges, roses et orange qui fleurissent dans ces lieux avec exubérance. On arrive après 2o mn de descente à la rivière Saint-Louis dont il faut remonter le lit quelques mètres . La cascade ne se voit qu'au dernier moment, dans son écrin de roche aux reflets métalliques et à l'allure de grotte et elle se jette dans un bassin réputé dangereux car un tourbillon peut aspirer les baigneurs imprudents. Cet endroit frais est plein de charme et nous n'y avons croisé le dimanche matin qu'un couple de promeneurs qui nous ont offert des tranches d'un ananas à déguster au bord de l'eau... une fameuse idée !