Depuis le jeudi 12, nous suivons les évènements au jour le jour avec des phases d'espoir et d'inquiétudes. Vendredi et samedi certaines stations d'essence ont pu ouvrir ce qui a donné l'espoir d' une amélioration de la vie quotidienne des Guadeloupéens. Cela n'a été qu'un court répit car le LKP avait annoncé un durcissement du mouvement pour aujourd'hui.
La tension est montée d'un cran. La grève dure depuis maintenant un mois. Les atermoiements du gouvernement suscitent l'exaspération des manifestants. La population a de plus en plus de mal à supporter la situation, celle qui soutient le mouvement comme celle qui estime en être l'otage. Les familles s'inquiètent car les écoles et les universités sont toujours fermées.
La négociation achoppe sur la revendication de l'augmentation de 200 euros pour les bas salaires. Depuis quelques temps, la phrase que le LKP , les élus et les représentants de l'Etat se lancent les uns aux autres est "il faut prendre ses responsabilités".
L'Etat renvoie la balle dans le camp du patronat en disant que ce n'est pas aux collectivités locales ni à l'Etat de payer les salaires. Les socio-professionnels répondent qu'ils ont fait des propositions mais qu'ils ne peuvent aller plus loin. "On nous demande de donner ce que l'on n'a pas " répète Willy Angel, président du Medef, tout en proposant une caisse de compensation pour aider les petites entreprises à pouvoir effectuer des augmentations de salaires qu'elles ne pourraient mettre en place seules. Les élus disent qu'ils ont fait tout ce qui leur était possible en proposant un plan de relance modifié (voir post du 3 février) et en proposant l'octroi pendant quelques mois de 100 euros aux salariés touchant moins de 1,4 fois le smic pour permettre une sortie de la crise en attendant que la négociation soit finalisée. Leurs propositions ont été rejetées par le collectif qui appelle l'Etat et le patronat à "tenir leurs engagements".
Le mouvement ne s'essouffle pas , il s'amplifie a prévenu Elie Domota. Celui-ci a durci le ton comme le montre la vidéo qui circule actuellement sur Internet. Il y fait allusion aux morts qu'il pourrait y avoir si on s'attaquait aux membres du LKP. Cette vidéo où le syndicaliste parle en créole est un extrait d'une interview et d'après des commentaires internautes il manque le contexte pour bien l'interpréter (voir sur le site de Jarrycafe.com).(1) Quoi qu'il en soit, elle attise les inquiétudes car si jusqu'à présent toutes les manifestations ont été bien encadrées, on peut craindre des débordements dans cette situation explosive. (voir aussi l'article de Jean Matouk dans Rue 89)
Ce lundi des barrages ont été érigés dans plusieurs points de l'île. Mes vacanciers douarnenistes sont partis à l'aube pour pouvoir aller à Trois-Rivières prendre leur bateau pour Les Saintes. Ils ont pu franchir un barrage qui avait été mis en place dès 3 h du matin après que celui-ci eut été évacué par des gendarmes.
Le Gosier a subi des incidents plus graves. L'accès à la ville a été complètement bloqué par des barrages faits d'arbres abattus, de pneus brûlés...
A la demande du préfet, les gendarmes sont intervenus pour rétablir la circulation. Le déploiement était impressionnant aux dires d'une maman d'élève qui a réussi à accompagner sa fille jusqu'à chez moi en faisant un détour par les Grands-Fonds. Après les sommations d'usage les gendarmes ont évacué les manifestants par la force et ont arrêté une trentaine d'entre eux . Aussitôt une foule s'est rassemblée aux abords du commissariat central de Pointe-à-Pitre en scandant "Libérez LKP", "Non à la répression".
Toutes les personnes arrêtées ont été relâchées et 10 d'entre elles ont une convocation à comparaître début juin. Le préfet interrogé par les médias dit qu'il ne s'agit pas d'entrave au droit de manifester et qu'il n'est pas "dans une logique répressive mais de sécurisation. La population doit pouvoir circuler, travailler, se nourrir."
Ce soir le calme n'est pas encore revenu et on entend toujours les allers et venues d'hélicoptères et le bruit mat des détonations de grenades assourdissantes au-dessus de Gosier.
En effet un scénario habituel a lieu après l'évacuation ou le départ des manifestants : des barrages sont aussitôt reformés par des jeunes gens cagoulés qui jettent des pierres. C'est ce qui s'est passé au carrefour de La Boucan près de Sainte-Rose où les violences ont été importantes.
Dernières nouvelles de la journée :
Les parlementaires et les élus des collectivités d'Outre-Mer seront reçus par Sarkozy, jeudi prochain.
Besancenot doit venir en Guadeloupe vendredi et il se rendra ensuite en Martinique qui en est à son 12ème jour de grève avec un blocage très sévère comme a pu le constater Do qui s'y trouve actuellement.
La tension est montée d'un cran. La grève dure depuis maintenant un mois. Les atermoiements du gouvernement suscitent l'exaspération des manifestants. La population a de plus en plus de mal à supporter la situation, celle qui soutient le mouvement comme celle qui estime en être l'otage. Les familles s'inquiètent car les écoles et les universités sont toujours fermées.
La négociation achoppe sur la revendication de l'augmentation de 200 euros pour les bas salaires. Depuis quelques temps, la phrase que le LKP , les élus et les représentants de l'Etat se lancent les uns aux autres est "il faut prendre ses responsabilités".
L'Etat renvoie la balle dans le camp du patronat en disant que ce n'est pas aux collectivités locales ni à l'Etat de payer les salaires. Les socio-professionnels répondent qu'ils ont fait des propositions mais qu'ils ne peuvent aller plus loin. "On nous demande de donner ce que l'on n'a pas " répète Willy Angel, président du Medef, tout en proposant une caisse de compensation pour aider les petites entreprises à pouvoir effectuer des augmentations de salaires qu'elles ne pourraient mettre en place seules. Les élus disent qu'ils ont fait tout ce qui leur était possible en proposant un plan de relance modifié (voir post du 3 février) et en proposant l'octroi pendant quelques mois de 100 euros aux salariés touchant moins de 1,4 fois le smic pour permettre une sortie de la crise en attendant que la négociation soit finalisée. Leurs propositions ont été rejetées par le collectif qui appelle l'Etat et le patronat à "tenir leurs engagements".
Le mouvement ne s'essouffle pas , il s'amplifie a prévenu Elie Domota. Celui-ci a durci le ton comme le montre la vidéo qui circule actuellement sur Internet. Il y fait allusion aux morts qu'il pourrait y avoir si on s'attaquait aux membres du LKP. Cette vidéo où le syndicaliste parle en créole est un extrait d'une interview et d'après des commentaires internautes il manque le contexte pour bien l'interpréter (voir sur le site de Jarrycafe.com).(1) Quoi qu'il en soit, elle attise les inquiétudes car si jusqu'à présent toutes les manifestations ont été bien encadrées, on peut craindre des débordements dans cette situation explosive. (voir aussi l'article de Jean Matouk dans Rue 89)
Ce lundi des barrages ont été érigés dans plusieurs points de l'île. Mes vacanciers douarnenistes sont partis à l'aube pour pouvoir aller à Trois-Rivières prendre leur bateau pour Les Saintes. Ils ont pu franchir un barrage qui avait été mis en place dès 3 h du matin après que celui-ci eut été évacué par des gendarmes.
Le Gosier a subi des incidents plus graves. L'accès à la ville a été complètement bloqué par des barrages faits d'arbres abattus, de pneus brûlés...
A la demande du préfet, les gendarmes sont intervenus pour rétablir la circulation. Le déploiement était impressionnant aux dires d'une maman d'élève qui a réussi à accompagner sa fille jusqu'à chez moi en faisant un détour par les Grands-Fonds. Après les sommations d'usage les gendarmes ont évacué les manifestants par la force et ont arrêté une trentaine d'entre eux . Aussitôt une foule s'est rassemblée aux abords du commissariat central de Pointe-à-Pitre en scandant "Libérez LKP", "Non à la répression".
Toutes les personnes arrêtées ont été relâchées et 10 d'entre elles ont une convocation à comparaître début juin. Le préfet interrogé par les médias dit qu'il ne s'agit pas d'entrave au droit de manifester et qu'il n'est pas "dans une logique répressive mais de sécurisation. La population doit pouvoir circuler, travailler, se nourrir."
Ce soir le calme n'est pas encore revenu et on entend toujours les allers et venues d'hélicoptères et le bruit mat des détonations de grenades assourdissantes au-dessus de Gosier.
En effet un scénario habituel a lieu après l'évacuation ou le départ des manifestants : des barrages sont aussitôt reformés par des jeunes gens cagoulés qui jettent des pierres. C'est ce qui s'est passé au carrefour de La Boucan près de Sainte-Rose où les violences ont été importantes.
Dernières nouvelles de la journée :
Les parlementaires et les élus des collectivités d'Outre-Mer seront reçus par Sarkozy, jeudi prochain.
Besancenot doit venir en Guadeloupe vendredi et il se rendra ensuite en Martinique qui en est à son 12ème jour de grève avec un blocage très sévère comme a pu le constater Do qui s'y trouve actuellement.
(1) Addendum, le 20-02-09 :
Ma voisine vient de me montrer l'ensemble de l'interview et de me traduire les propos de Domota.
La présentatrice lit un SMS qui circule et qui est un appel à l'union de tous les chefs d'entreprise pour organiser eux-mêmes leur défense afin de ne pas être empêchés de travailler "car le gouvernement ne fait rien". Domota réagit en disant que cela est inadmissible et parle d' une "milice privée", de "commandos armés" qui seraient payés... C'est alors qu'il hausse le ton et profère des menaces de mort. Cette interview, non tronquée, est sur youtube. Vous y trouverez aussi l'interview du procureur sur la notion de "menace sous condition" et "provocation publique à la commission de crime" ainsi que sur la responsabilité des médias.
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