lundi 19 janvier 2009

Corps et arbres


Quelles nouvelles découvertes durant la semaine qui vient de s'écouler ?

Et bien, tout d'abord, j'ai eu la chance de participer à un stage intensif de dessin sous la direction de l'artiste peintre Catherine Pugliesi-Conti. Le sujet en était "le corps humain" et notre modèle Loulou a bien posé pour nous. Nous étions 9 participantes et l'atelier se passait sur la terrasse de Catherine, entourée de verdure et de fleurs, à la lisière de la forêt tropicale humide.

Nous avons d'abord appris que le canon du corps idéal, c'est-à-dire le rapport des proportions à partir d'une même mesure de base est de 8 têtes : on compte 4 têtes jusqu'au bassin et 4 jusqu'aux pieds. Notre modèle était bien "canon" !
Grosso modo une jambe mesure donc 4 têtes et un bras avec main tendue est de longueur équivalente à une jambe sans le pied.
Le canon d'un personne de la vie courante, genre "paysan un peu trapu" (le cliché !) est plutôt de 7 têtes et demie et nous avons aussi pointé les différences homme/femme. Le soir , en rentrant dans nos foyers, nous avons testé ces vérités sur les personnes que nous avions sous la main...

Puis nous avons fait des gammes : dessins avec échelles, puis sans, silhouettes simplifiées ("fil de fer") en marquant les axes colonne/ épaules/bassins, dessins de pieds, de mains, de bras, de jambes, attaches pieds-chevilles, mains-poignets, genoux, cou, bassin, raccourcis (représenter l'objet tel qu'on le voit) et tracé des "emmanchements" pour les faire sentir.
Pour ce faire, nous avons testé différents outils : crayon comté, mine de plomb, fusain, crayon bille, pastel gras, pierre noire, craie et puis encre bistre, noire de chine, brou de noix que nous pouvions déposer à l'aide d'un pinceau, d'une plume, d'un bambou taillé et même d'une brindille. Cette dernière technique que j'ai expérimentée pour la première fois m'a beaucoup plu car elle permet un tracé souple, fin et sensible.
Ensuite il a fallu dessiner notre modèle, sous des angles et positions variés, sans lever notre crayon de la feuille, puis sans regarder notre feuille, avec la main gauche, avec les 2 mains en même temps et sans lever le crayon, avec le bras tendu ... on pouvait se demander jusqu'où cela nous mènerait ! Le résultat provoquait parfois de grands éclats de rire.
Et bien, au bout des 5 jours du stage, nous arrivions toutes à dessiner notre modèle à main levée avec les bonnes proportions !


Des belles proportions, nous en avons aussi trouvées dans les arbres du jardin botanique de Basse-Terre (waouh, la transition !).
C'était samedi dernier et la visite était organisée par l'association "Les vieilles maisons de Guadeloupe".
Le jardin botanique de Basse-Terre, que l'on peut visiter librement, est le plus ancien jardin botanique de Guadeloupe. C'est dès 1820 que l'habitation Saint-Charles fut le lieu d'essais d'agriculture dans le cadre d'un jardin botanique d'acclimatation. Le jardin connut l'abandon pendant une vingtaine d'années jusqu'en 2003 avant de faire l'objet d'un projet de réhabilitation. Le conseil général, qui en est propriétaire, en a confié actuellement la gestion au Conservatoire Botanique des Antilles Françaises. Jean-Marie Flower, qui nous guidait pendant la visite, en est le directeur pour la Guadeloupe. Ce Conservatoire est une association dont les missions sont la connaissance, l'expertise et la protection des espèces végétales en y ajoutant la sensibilisation et l'information en direction du grand public. Ce sont les espèces autochtones qui sont privilégiées dans le jardin. On les trouve dans leur habitat naturel qui couvre 20 % de la Guadeloupe et certaines de ces espèces doivent être protégées.



A gauche "Bonnet d'évêque" (photo de Françoise)



Notre intervenant, passionné par son sujet, nous a transmis quelques notions au cours de cette visite.
En voici trois :

- La dénomination d'une plante comporte 2 parties, le genre et l'espèce. Les genres proches sont rassemblés dans des familles.
Par exemple le "mahogany petites feuilles" swietenia mahogani appartient au genre "swietenia"(connu sous le nom d' "acajou"), à l'espèce "mahogani". Le "mahogany grandes feuilles" s'appelle ainsi : swietenia macrophylla. Tous 2 appartiennent à la famille des méliacées.

- Les plantes hémiépiphytes :
Nous rencontrons de nombreuses plantes hépiphytes au cours de nos marches en forêt . Elles utilisent les arbres comme support sans en être parasites (les orchidées, par exemple).
Qu'en est-il des "hémiépiphytes" ? Notre conférencier nous a montré un feuillage plus foncé au milieu des branches d'un teck. Il s'agissait d'un figuier. Les graines ont été transportées par les oiseaux. Le figuier va se développer en lançant ses racines vers le sol. Celles-ci peuvent à la longue se lignifier et se rejoindre pour former un véritable tronc autour de la plante hôte dont la croissance est arrêtée.

- La durée de vie d'une plante est très importante . J-M Flower a évoqué une plante herbacée qui s'est maintenue de façon végétative depuis 40000 ans en Nouvelle-Zélande. En Norvège, un genévrier a pu être daté de 9000 ans grâce aux fruits fossilisés trouvés à sa base. Cette longévité s'explique parce que les plantes , à la différence des humains, changent leur ADN pour s'adapter aux transformations de leur environnement. (cf. Eloge de la plante, 1999, et Plaidoyer pour l'arbre, 2005 , Francis Hallé)


Fleur de "Boulet de canon" (photo de Françoise)

L'arbre "boulet de canon" (Couroupita guianensis), originaire de Guyane, tire son nom de ses gros fruits sphériques, matures au bout de 18 mois et qui mettent plus de 2 ans à se détacher de l'arbre (...ne pas se trouver en dessous à ce moment-là !). Les fleurs parfumées poussent directement sur le tronc en partie basse de l'arbre. Il n'existe que quelques spécimens en Guadeloupe.


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