Pâques, en Guadeloupe, c'est un long week-end (le vendredi est férié). En dehors de la dimension religieuse, la tradition c'est "tous à la plage", en famille, tentes dressées, souvent depuis le début de la Semaine Sainte, pour réserver son emplacement.
Nous sommes en fin de saison sèche ("carême") mais ce week-end fut assez pluvieux. Dans la forêt xérophile (sèche) du littoral, les feuilles des arbres à feuillage caduc tapissent le sol ce qui donne une petite impression d'automne (cependant les feuilles tombées sont vite remplacées par des nouvelles).
Dimanche, nous avons marché dans la région de Petit-Canal à travers les haies de champs de cannes qui attendent désespérément d'être coupées. (Après le blocage de la filière, c'est le problème de pénurie en électricité qui empêche le démarrage de la sucrerie Gardel). La récolte commence en temps normal vers février et dure 3 à 4 mois avant le retour de la saison des pluies.
Des vaches, sur notre chemin, croquaient les cannes sans vergogne. A l'horizon se profilaient des moulins en ruine, envahis par les figuiers maudits. Le sentier de Beautiran traverse ensuite la mangrove pour aller jusqu'à l'ancien port d'expédition de sucre et de rhum. Des vestiges de treuils et palans avec leurs poulies se dressent encore devant le grand Cul-de-Sac Marin.
Après Beautiran, direction Morne-à-l'Eau où la fête du crabe bat son plein.
Pluie et soleil à Morne-à-l'Eau
Au repas de Pâques, les crabes (de mangrove) sont
traditionnellement à l'honneur. C'est la saison où les crabes sortent de leur abri. Autrefois c'était un met peu onéreux : chacun pouvait aller l'attraper à l'aide de pièges. En cette période on voit souvent le long des routes des petits vendeurs proposer, le bras tendu, des crabes attachés en bouquet. Aujourd'hui il existe aussi des élevages comme celui de "la Maison du Crabe". On cuisine ces arthropodes de différentes façons : en calalou avec des feuilles de madère, en matété mélangé avec le riz et les épices ou accompagnés de dombrés, petites boulettes faites avec de la farine.
Nous avons goûté à tout en allant manger sur la plage de Saint-Louis ce que nous avions acheté sur la place de Morne-à-l'Eau dédiée ce jour-là à la fête du crabe. Voici comment sans canaris (ou "kanari" = marmites) ni tentes nous n'avons pas tout à fait dérogé à la tradition guadeloupéenne.
P.-S. Je m'aperçois que les photos ne s'agrandissent pas (sauf la 1ère) lorsque l'on clique dessus. Pourquoi ? Mystère que je n'ai pas encore réussi à élucider.