mercredi 10 décembre 2008

Levée des barrages

Les barrages viennent d’être levés (il est 21 h 15). On entend au loin des coups de klaxons victorieux. Je suis restée coincée en revenant de mon cours de français et ma voiture est toujours là-bas car un nouveau barrage s'était mis en place.
Do a réussi à m’extraire en prenant un sens interdit sur une portion de voie. Sur la 4 voies, il y avait un accident grave de 2 voitures avec un choc frontal ; l’une d’entre elles avait pris la 4 voies à contre-sens.

D'après les infos que j'ai ce soir sur le Web, un protocole d'accord a été signé peu avant 21 h après 10 heures d'intenses discussions entre le Secrétaire d'Etat à l'Outre-Mer, les présidents des deux Conseils, le Collectif des entrepreneurs de Guadeloupe et la Fédération du BTP .
Une enveloppe de 3 millions d'euros va être débloquée par les deux collectivités de la Guadeloupe, l'Etat apportant une aide exceptionnelle d'investissement. A partir de lundi, le sans-plomb coûtera 1,165€, le gazole 0,99€ et la bouteille de gaz 17€. Ces prix seront gelés durant trois mois jusqu'à la remise, le 15 mars 2009, du rapport d'une mission d' inspecteurs qui devrait mettre fin à l'opacité des prix en Outre-Mer.



La 4 voies sans voitures et la présence des forces de l'ordre (image Canal 10)


P.-S. Jeudi 11 décembre :

L'activité a repris dans l'île. Embouteillages monstres à Jarry.
Le puissant syndicat de l'UGTG (Union Générale des Travailleurs de Guadeloupe) appelle une trentaine d'organisations à se mobiliser le 16 décembre pour réclamer davantage.
Les médias, ça y est, analysent ce qui vient de se passer... il fallait être patient.
Les commentaires sont abondants, les extrapolations sur les manoeuvres politiques ou politiciennes des uns et des autres vont bon train.
Tous les acteurs du protocole d'accord interviewés disent être satisfaits de cette issue, certains, comme toujours, essayant de tirer la couverture à eux. Tous s'accordent maintenant, le ministre y compris, pour dénoncer le manque de transparence du système.
Si, une fois de plus, on se demande pourquoi il a fallu bloquer toute une région pour en arriver là, on peut, comme ces étudiants finlandais d'une école de commerce en séjour dans l'île, travailler sur le thème que leur a proposé leur prof de français : "La grève, la signification en France et aux Antilles" (cf le France-Antilles du 11-12-08)




Barrages en Guadeloupe


Des barrages routiers ont été dressés depuis lundi en Guadeloupe par un collectif d'entrepreneurs déterminés à obtenir comme en Guyane une baisse des prix du carburant. Une baisse de 30 centimes sur le gazole, de 40 centimes sur l'essence sans plomb (leurs prix affichés au 30 novembre sont respectivement de 1,29 et 1,51 euros) et la bouteille de gaz domestique à 15 euros (contre plus de 22 euros) sont réclamées.
A ceux qui leur reprochent d'user de la force au détriment de l'économie de la Guadeloupe, les responsables du mouvement répondent que le problème de l'essence chère aux Antilles a été soulevé depuis longtemps et qu'on ne les a pas écoutés.

Les barrages qui, d'après le collectif, étaient au nombre de 32 dans la journée d'hier sont toujours en place aujourd'hui et installés à des points stratégiques, ponts, rocades... et empêchent aussi de circuler sur les voies secondaires. Toute l'île est paralysée. Il faut dire qu'ici on ne peut rien faire sans voiture. Pointe-à-Pitre comme la zone industrielle et commerciale de Jarry sont déserts, pour ne citer qu'eux, les établissements scolaires fermés, les examens annulés, les vols aériens perturbés. Les conteneurs s'accumulent sur les quais du port et les denrées périssables , même si elles sont réfrigérées, risquent à la longue d'être bonnes à jeter.
Do qui devait se rendre avant-hier en Martinique travaille comme beaucoup à la maison depuis deux jours (merci le téléphone et Internet !).


Jean-Yves Ramassany, l'un des leaders du mouvement


Les médias guadeloupéens présentent ce qui se passe avec beaucoup de complaisance pour les manifestants, informent où se situent les barrages mais il manque une analyse approfondie du problème.
Je viens de regarder à la télévision les images de routes vides et de barrages faits de camions en travers, de cageots, de terre, de rochers. Le directeur de Canal 10, l'une des chaînes locales, qui se trouve sur le terrain, dit avec véhémence qu'il n'y a qu'un mot : "solidarité". Tout le monde doit se mobiliser, il faut "amener à manger et à boire à ces gens-là " et si ça doit durer "on mangera des fruits à pain et des ignames comme an tan lontan."


Voici ce que j'ai compris de la situation actuelle :

Le prix du carburant est plus élevé aux Antilles qu'en métropole : 1, 29 euros versus 1, 09 pour le gazole actuellement en Guadeloupe. On peut effectivement s'interroger sur cette différence : le Venezuela, où l'on peut s'approvisionner en brut, est proche et le prix du pétrole a actuellement baissé.
La Guadeloupe comme la Martinique et la Guyane sont ravitaillées exclusivement par une raffinerie implantée en 1969 en Martinique à l'instigation des pouvoirs publics afin de garantir les approvisionnements. C'est la SARA, Société Anonyme de Raffinerie des Antilles (actionnaires : Total, Shell, Esso et Texaco) qui a le monopole.
D'après un communiqué de presse explicatif de la Préfecture qui avait été publié le 15 janvier 2007 , à la suite d'une augmentation de carburant, cette situation de monopole et l'étroitesse des marchés de la Guadeloupe et de la Martinique a imposé un dispositif administré des prix.
Les préfets de Guadeloupe et de Martinique fixent mensuellement et en concertation les prix alors qu'en métropole ils sont libres.
Les prix maxima sont calculés à chaque réception de cargaisons reçues par la SARA. Le prix de vente hors taxe est fixé en tenant compte de l'évolution du cours du baril (il a baissé actuellement), du prix des produits semi-finis, des fluctuations du cours du dollar et comprend la marge de raffinage de la SARA, marge fixée par le ministère des finances pour permettre le financement et les investissements de la raffinerie.
C'est donc toute une cuisine de chiffres très complexe pour le profane. A partir de là, des questions multiples peuvent être posées : Quid du choix des paramètres ? Les calculs sont-ils faits à partir du prix réel d'importation ou, comme le laisse entendre Lucette Michaux-Chevry, d'un prix fictif ?

Interviennent aussi d'autres taxes : le conseil régional fixe et perçoit une taxe (TSC : Taxe Spéciale de Consommation des carburants) qui dépend de la quantité de carburant consommé et qui bénéficie à l'ensemble des collectivités locales alors qu'en métropole cette taxe est perçue par l'Etat. En Martinique cette taxe est moins élevée qu'en Guadeloupe.
Hier Yves Jégo a écrit aux élus et aux socio-professionnels que seule "une pression sur les pétroliers et un engagement des collectivités" pouvaient permettre de sortir de la crise... ce qui a beaucoup fâché ici. Victorin Lurel, président PS du conseil régional, ne veut pas entendre parler d'une baisse de la TSC.

Outre la baisse des tarifs à la pompe, le collectif demande une révision des modalités de fixation des prix, la diminution des marges et la fin du monopole de la SARA.
Une réunion est en cours à la Préfecture (visio-conférence prévue entre le préfet, le président du conseil régional, le président du conseil général, l'ex-présidente du conseil général, quelques députés-maires, les délégués socio-professionnels et le ministre de l'Outre-Mer). Elle était prévue à 10 h ; 4 mn après être entrés, les élus ont fait mine de sortir ce qui donne le ton ...
La réunion se tient à huis-clos, la présence des médias est interdite. (Ils ne sont pas contents ! )

12 h 30 : selon Canal 10, la SARA a consenti une baisse d'un centime sur l'essence ... la situation est loin d'être débloquée. Le journaliste qui vient de rapporter cette information dit que l'Etat pourrait intervenir comme en Guyane en dégageant un fond exceptionnel de plusieurs millions d'euros mais pour combien de temps ?
L'amélioration pour les Guadeloupéens restera fragile car le problème ne sera pas pour autant réglé.

13 h 30 : pause d'une heure dans la réunion. Des propositions ont été faites (sans autres précisions) mais doivent être entérinées par le ministre : le gazole passerait à 0,99 euro, l'essence sans plomb à 1, 10 euro.

A suivre, je fais moi aussi une pause...



dimanche 7 décembre 2008

Le saut de la Lézarde


Le saut de la Lézarde. L'échelle est donnée par le jeune homme qui grimpe à gauche.




Pourquoi n'étions-nous pas encore allés au saut de la Lézarde ? Sans doute parce que c'est une marche assez courte : 1 heure aller-retour et aussi parce que nous avions entendu dire qu'elle avait été fermée.
Mais nous avions eu tort !


Chaussures en caoutchouc devant le café-restaurant pour promeneurs mal chaussés





Et bien, cette lacune est réparée depuis aujourd'hui !

Après une descente un peu raide et effectivement glissante par endroits dans une belle végétation, on arrive à la cascade haute de 10 mètres et à un large bassin enchâssé dans la verdure luxuriante de la forêt tropicale. Tout autour, des petites douches naturelles coulent le long des parois de la falaise.


(Cliquer pour agrandir)






Le jeune grimpeur nous a conduits au-dessus de la chute.



Il s'apprête à sauter. On aperçoit le sommet de sa tête au premier plan. Nous ne l'avons pas suivi...



A la recherche de l'orchidée perdue



Avec une semaine de décalage, voici ce que nous avons fait dimanche dernier : l'association AEVA (Association pour l'Etude et la protection des Vertébrés et végétaux des petites Antilles) nous a invités à aller "à la recherche de l'orchidée perdue".

Il s'agit de la Pseudocentrum guadalupense, une orchidée endémique de la Guadeloupe qui n'a été observée que 2 fois, le 18 novembre 1895 et le 16 novembre1987.
Allait-elle être retrouvée le 30 novembre 2008 ?


Nous sommes partis de la maison forestière de Matouba pour aller jusqu'à la Savane aux Ananas . Une magnifique trace dans la forêt humide, large au départ et envahie par la végétation plus loin (c'est normal nous arrivions dans la savane...) et une bonne pluie froide (mais oui !), qui ne nous a pas arrêtés.


La star du jour, l'orchidée, photographiée sous un parapluie...




D'ailleurs, nous commençons à avoir l'habitude car ce fut aussi une pluie violente et froide qui nous a accompagnés lors de la sortie précédente avec AEVA sur les flancs de la Soufrière. Nous avons , ce jour-là, terminé la marche en nous réfugiant dans l 'eau chaude des Bains Jaunes. Le plus dur fut d'en sortir...


Sortie à la Soufrière du dimanche 16 novembre


Mais, revenons au dimanche 30 :
Sur notre chemin, de nombreuses espèces de fougères et de mousses, des orchidées que nous n'aurions pas vues sans l'équipe qui nous accompagnait. Nous n'avons pas retenu tous les noms scientifiques avec lesquels notre spécialiste des orchidées désignait les plantes aperçues mais nous avons été bien sensibilisés à la richesse de la flore guadeloupéenne.



Ceci n'est pas l'orchidée recherchée mais une belle Maxillaria inflexa... quant à la Pseudocentrum guadalupense, elle s'est bien cachée !


P.-S. Vous trouverez les photographies des orchidées rencontrées lors de cette sortie sur le blog d'AEVA, L'écho du Toto-Bois, en cliquant sur l'album photo : "En sortie 2008-11 Orchidées".