lundi 14 janvier 2008

Bain démarré et carnaval


Ici l'année est bien commencée. Dès le 1er janvier nous avons été réveillés vers 9 h (c'est une heure de réveil tardive dans ces contrées mais le 1er janvier ce fut douloureux ...), non par les coqs cette fois-ci, mais par le martèlement des gwoka d'un déboulé (défilé) se dirigeant vers la plage en contre-bas de chez nous. Les participants du cortège habillés de blanc perpétuaient en partie la coutume du bain démarré. Traditionnellement, le 31 décembre à minuit, on se baignait dans la mer ou à l'embouchure d'une rivière (là où les eaux sont mêlées), pour se délivrer de toutes les impuretés et mauvaises choses de l'année passée. Le rituel s'achevait par une friction avec des herbes.
Ce rite de purification pour commencer l'année nouvelle se retrouve aussi dans le grand ménage que l'on fait dans la maison. L'ami chez lequel nous avons passé notre premier réveillon antillais nous expliquait que sa maison avait été, comme tous les ans, nettoyée de fond en comble à cette occasion.


A peine les festivités du nouvel an terminées, dès le 1er dimanche de janvier ( l'Epiphanie), le carnaval démarre. C'est l'un des évènements les plus importants et les plus suivis de l'année. Il se termine le mercredi des cendres en ayant culminé durant les "jours gras", du dimanche au mercredi. Il donne lieu chaque fin de semaine à des défilés, des concours de danses et de beauté.
La coutume du carnaval aux Antilles fut introduite par les Français catholiques. Le carnaval marquait à l'origine le début des 40 jours du carême et se déroulait durant les "jours gras". Il permettait de faire la fête et de manger de la viande une dernière fois avant la période d'abstinence. "Carnaval "signifierait "adieu à la chair(= viande)", le mot venant de "carnelevare" : ôter (levare) la viande(carne).
Très vite les Antillais marquèrent de leur empreinte ces festivités en créant des déguisements originaux et des masques rappelant leurs origines africaines.
Si l'on remonte dans l'histoire, le "mas" (masque) traditionnel est en effet un héritage des masques de cérémonie en Afrique.
Les esclaves qui avaient interdiction de pratiquer leurs rites religieux pouvaient le faire sous couvert du carnaval. Fabriqués avec des éléments trouvés localement, les masques leur permettaient de s'identifier à leur divinité et rappelaient aussi leur tribu d'origine.



Aujourd'hui les costumes aux couleurs flamboyantes rivalisent d'originalité. Chaque commune a ses associations et son comité carnavalesques.
Un groupe est formé de mas (masques) et de musiciens. Il défile en marchant d'un pas rapide et rythmé dans les rues des communes dans un déguisement identique, inspiré par son thème annuel. Un instrument très utilisé est le gwoka (gros tambour) fait à partir d'un bidon en métal. On trouve aussi d'autres instruments comme les conques de lambis, coquillages marins qui font un bruit s'apparentant à la corne de brume. Cela semble bien difficile de tirer un son en soufflant dans ces gros coquillages !




Hier nous sommes donc allés voir un défilé de carnaval à Petit-Bourg (Basse-Terre). Il y avait foule et beaucoup d'embouteillages pour accéder au bourg. Le public massé des deux côté de la rue était très patient (c'est une vertu que nous avons remarquée ici) . Le défilé qui devait commencer à 15 h a démarré à 17 h... Les petites filles habillées comme des petites poupées se dandinaient d'un pied sur l'autre en se déhanchant gentiment tout en attendant la musique. Quand les groupes sont enfin arrivés l'enthousiasme était partout perceptible et l'excitation à son comble quand passait le groupe préféré.


Groupe qui a déchaîné l'enthousiasme de mes jeunes voisins.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Je vois que Domi ne s'en lasse pas... A-t-il sauté le pas et défile-t-il cette année ?

Cath a dit…

Effectivement, Anonyme Marielle, Do est toujours aussi bon public !